mercredi 12 novembre 2008

LE TRESOR DES JOURS DE GRIS

La musique démarre quand le toit du chapiteau se soulève, laissant apparaître la petite scène circulaire. Monsieur Loyal, habillé de sa queue de pie rouge, lève les bras pour accueillir le public et présenter les numéros des artistes. Il tourne sur lui-même afin de s’adresser à tout le monde, puis il salue et laisse la place. Le spectacle peut commencer. Victor est aux anges. Il adore le cirque.


Les fauves entrent en piste sous une salve d’applaudissements. Un tigre à qui il ne reste plus qu’une rayure se met à faire le beau devant son dompteur tandis qu’il agite son fouet. Tout à coup, un lion rugissant s’élance à travers un cerceau enflammé, faisant sursauter les plus jeunes. Le dompteur fait claquer son fouet et mène sa troupe à la baguette. Les animaux se rejoignent en cercle et font la révérence, sous les acclamations du public. Les yeux de Victor brillent lorsque vient le tour du jongleur, qui se tient en équilibre sur le dos d’un éléphant à 3 pattes. Les quilles s’envolent et tournoient sans répit. Elles dansent dans l’air et Victor est médusé, comme toujours. C’est son numéro préféré.


Puis c’est le ballet aérien des trapézistes qui commence… Avec leurs justaucorps jaune passé, elles se balancent, tournicotent et tournicotent, alors que juste en dessous, l’équilibriste avec son ombrelle met un pied sur son fil. Tout le monde retient son souffle. Si elle tombe, c’est la catastrophe ! Victor est effrayé chaque fois, mais elle ne tombe jamais.


Le clown entre en scène pour le rassurer. Son nez rouge est tombé depuis longtemps mais les enfants rient et les adultes oublient leurs soucis. La magie du cirque a opéré une fois de plus.

Tous les acrobates et les fauves, les dompteurs et les jongleurs se réunissent autour de Monsieur Loyal qui tire son chapeau à ses artistes. Tout se met à tourner, les couleurs se mélangent et Victor est étourdi de joie quand le spectacle s’achève en une apothéose musicale.



Victor referme sa boîte à musique et la pose délicatement sur la commode défoncée. Par la fenêtre il voit les toits délabrés au loin et le chemin de fer en bas. Le passage d’un train fait trembler les murs et des miettes de peinture tombent sur le sol et la commode. La boîte vacille. Victor la rattrape et la serre contre son coeur. Son cirque, son trésor des jours de gris.

* Texte extrait d'un projet sur le thème "il reste toujours l'imagination".

1 commentaire:

Lilas a dit…

Encore une bien jolie histoire que tu nous as écrit là !