lundi 24 novembre 2008

Le pays des mots goûtus

Pourquoi ce blog se nomme-t-il "Les mots goûtus" ? Parce que mon désir d'écriture est parti d'une première histoire : "Le pays des mots goûtus".
Je l'ai écrite en 3 semaines, et ça a été une vraie révélation pour moi. Je savais depuis longtemps que je voulais écrire, mais quelque chose était bloqué. L'écriture de ce premier livre a été une période de bonheur et d'épanouissement.

Dans 2 jours débute le salon du livre jeunesse à Montreuil. Il est donc temps de me replonger dans mes histoires, et de vous les faire découvrir.

Ce billet a déjà été publié sur mon blog Chic'n Kitsch, ici.


Le pays des mots goûtus est l'histoire d'Hélio, un garçon de 8 ans qui n'aime pas l'orthographe, et qui grâce à une marionnette, va visiter le pays où l'on fabrique les mots. Ce pays est un endroit magique où les lettres de l'alphabet poussent sur des plantes, sont cultivées et transformées en mots, pour être ensuite soufflées à l'oreille des humains. C'est ce que l'on appelle l'inspiration...

Chaque porte entrouverte dans le monde est un portail magique vers le pays des mots goûtus, qui laisse passer l'inspiration.

Lors de son voyage, Hélio découvre que les mots doivent être respectés, que l'on peut s'amuser avec eux et surtout, qu'ils se mangent !

Car au pays des mots goûtus, on goûte les mots pour les tester. La "gourmandise" est doux et sucré tandis que la "culpabilité" donne mal au ventre et mauvaise conscience...

Au milieu de personnages loufoques et passionnés, Hélio apprend à aimer l'orthographe et cette langue française parfois si compliquée...


Cette histoire a un but éducatif, mais reste fantastique, pour faire rêver les enfants.
Les enfants d'aujourd'hui ont encore besoin de rêver, non ? Et certainement besoin de réapprendre à aimer lire et écrire. Qu'en pensez-vous ?

Extrait :

Le professeur se dirigea, suivi des deux autres, vers le milieu de l’énorme pièce. Tout autour d’eux s’affairaient de minuscules créatures, ressemblant à des bibendums bleu ciel. Ils couraient à toute allure sur leurs petites jambes dodues et souriaient à pleines dents. Certains transportaient des paniers remplis de lettres, d’autres des tubes à essais fumants. Trois d’entre eux s’approchèrent et se saisirent des paniers garnis des deux visiteurs.
- La première étape de la fabrication d’un mot commence ici, dit le professeur. Aidé de mes fidèles compagnons les Boublis...
Il s’interrompit, puis s’esclaffant, reprit :
- Ce sont de petites boules de chewing-gum sur pattes, ah ah ! C’est moi qui les ai créés ! Cela devenait difficile tout seul, il y avait beaucoup trop de travail... Alors je les ai modelés grâce à la gomme contenue dans les feuilles des plantes à lettres. Mais n’essaie pas d’en mâcher un, d’accord ? Ils sont beaucoup trop utiles ici.
- Il est complètement fou, chuchota Hélio à la marionnette.
- Ah ! Nous voici au cœur de mon laboratoire, continua le professeur. Je te recommande de ne toucher à rien, c’est dangereux.
Ils s’étaient arrêtés au centre de la pièce, au milieu d’un fouillis de marmites posées sur des gazinières, et de plans de travail couverts de fioles et de taches gluantes. Cela ressemblait plus à une cuisine qu’à un laboratoire. Il y régnait un désordre impressionnant.
En l’air, à travers le toit ouvrant, on apercevait toujours le même ciel illuminé de portes.
- Bien, dit le professeur Expérenmot tout en farfouillant dans les casseroles et les marmites. Ma lourde tâche consiste comme tu dois le savoir à créer des mots. Et ce n’est pas de tout repos... Il faut faire attention à bien doser les lettres, à ne pas faire des mots trop longs ou trop compliqués. J’essayais justement tout à l’heure une nouvelle combinaison de consonnes pour créer un mot sans voyelles... Cela fait un moment que je travaille là-dessus, mais malheureusement, c’est infructueux. Cela semble impossible. J’ai tenté de mélanger des « R », des « T », des « S » à un « D », un « B » et un « C », et ça a donné quelque chose comme « Strbrdstrc ». Imprononçable ! J’ai alors ajouté un ou deux « N », histoire d’adoucir la prononciation, mais le résultat m’a explosé au visage !
Le professeur se pencha et souleva une marmite posée au sol. Le couvercle était déchiqueté au milieu et on aurait dit un chou-fleur en métal.
Là, un Boubli accourut, secoua la tête énergiquement en regardant la marmite et la prit des mains du professeur, sans doute pour aller la jeter, puis disparut.
- Voilà une bonne chose de faite, dit le professeur. Comme je te le disais, c’est compliqué de former des mots. Ça ne fait pas toujours ce qu’on veut.
Il courut à l’autre bout du plan de travail encombré et ramena un panier comme ceux que transportaient les boublis.
- Ces lettres sont triées par cohérence par mes chers assistants caoutchouteux. Par exemple, ils ne vont pas mettre tous les « Z » dans le même panier, ce serait absurde ! On ne peut pas faire un mot avec plusieurs « Z ». Enfin... à part Zizanie peut-être, ou Zigzag. Et puis, il faut qu’il y ait assez de voyelles, puisque, comme tu as vu, les consonnes ne sont pas capables de former des mots toutes seules !
Il tendit le panier à Hélio.
- Tiens, vas-y, prends une lettre. Ce « H » par exemple.
Hélio saisit un « H » qui faisait deux fois la taille de sa main.
- Goûte-la maintenant.
- Hein ? dit le garçon horrifié. Ça se mange ?
- Lèche-la un peu tu verras.
Il hésita mais ne voulant pas contrarier le professeur, il porta la lettre à sa bouche.
- Ça a pas de goût !
- Exactement ! exulta le professeur. Une lettre toute seule n’a aucun goût, aucun intérêt ! Un « H » sans rien derrière ne t’apprend rien ! Rien de rien ! Il faut l’associer à d’autres lettres pour qu’apparaisse la magie ! Imagine un peu si on ne parlait qu’avec des lettres ! H I O U G M K E ! S R Y T J I P W... On n’irait pas loin, n’est-ce pas ? Et maintenant, tu vas goûter ceci.
Le professeur attrapa une fiole qui contenait un liquide rose et la donna au garçon.
Hélio avala une gorgée du breuvage. C’était délicieux. Sucré, doux, parfumé. Ça lui rappelait à la fois la barbe à papa, le chocolat, la glace à la fraise avec chantilly, les caramels mous, la guimauve... Ça donnait envie d’en reprendre. Une envie irrésistible.
- Gourmandise ! s’écria-t-il soudain. Gourmand, gourmande, gourmet, goût.
C’est ce qui lui était venu à l’esprit en goûtant la boisson rose. Les mots étaient sortis tout seul.
- Bravo ! Hourra ! hurla le professeur. J’ai bien choisi, tu ne trouves pas ? Tu viens de goûter le mot « Gourmandise ». C’est un mot qui a été fabriqué à partir du mot latin Gustus qui veut dire « Goût ». Le latin n’est plus parlé aujourd’hui, et il fallait un mot pour désigner le plaisir de manger ! J’ai donc pris ce mot Gustus, et je l’ai transformé en « Gourmandise ». Quel délice... en le prononçant, on sait tout de suite que ce mot désigne une chose agréable ! Certains disent que c’est un péché, mais moi je ne trouve pas. Contrairement à la « Gloutonnerie » qui est le fait de s’empiffrer, excuse-moi d’employer ce terme... Celui-là je ne te le ferai pas goûter...

3 commentaires:

Lilas a dit…

C'est passionnant et intéressant cet apprentissage des mots et écris par toi ils sont vraiment "goûtus" ! Vivement que tu sois publiée pour pouvoir acheter ton livre !!!

Nadja a dit…

ce petit bout d'histoire m'a donné faim de dessin je suis apprenti illustratrice ...

Clémence a dit…

bonjour oriane! c'est clémence... Voilà, je fais donc des études aux beaux arts et je trouve tes histoires vraiment jolies...l'univers me plait enormement...Je fais des études car j'aimerais devenir illustratrice et je me suis dit que j'aimrais énormement illustrer tes histoires...je voulais savoir si ça te disais...ou pas^^ voilà, alors si tu es plutot intérréssée, dis le moi et puis je pourrais t'envoyer quelques dessins ^^
bisous bisous!

si tu veux, j'ai mon blog, bon ça reste un blog vite fais mais j'ai quelques illustrations dessus :)

http://clemence-nous-raconte-sa-vie.blogspot.com/