dimanche 4 janvier 2009
L'imposteur
lundi 24 novembre 2008
Le pays des mots goûtus
Je l'ai écrite en 3 semaines, et ça a été une vraie révélation pour moi. Je savais depuis longtemps que je voulais écrire, mais quelque chose était bloqué. L'écriture de ce premier livre a été une période de bonheur et d'épanouissement.
Dans 2 jours débute le salon du livre jeunesse à Montreuil. Il est donc temps de me replonger dans mes histoires, et de vous les faire découvrir.
Ce billet a déjà été publié sur mon blog Chic'n Kitsch, ici.
Le pays des mots goûtus est l'histoire d'Hélio, un garçon de 8 ans qui n'aime pas l'orthographe, et qui grâce à une marionnette, va visiter le pays où l'on fabrique les mots. Ce pays est un endroit magique où les lettres de l'alphabet poussent sur des plantes, sont cultivées et transformées en mots, pour être ensuite soufflées à l'oreille des humains. C'est ce que l'on appelle l'inspiration...
Chaque porte entrouverte dans le monde est un portail magique vers le pays des mots goûtus, qui laisse passer l'inspiration.
Lors de son voyage, Hélio découvre que les mots doivent être respectés, que l'on peut s'amuser avec eux et surtout, qu'ils se mangent !
Car au pays des mots goûtus, on goûte les mots pour les tester. La "gourmandise" est doux et sucré tandis que la "culpabilité" donne mal au ventre et mauvaise conscience...
Au milieu de personnages loufoques et passionnés, Hélio apprend à aimer l'orthographe et cette langue française parfois si compliquée...
Cette histoire a un but éducatif, mais reste fantastique, pour faire rêver les enfants.
Les enfants d'aujourd'hui ont encore besoin de rêver, non ? Et certainement besoin de réapprendre à aimer lire et écrire. Qu'en pensez-vous ?
Extrait :
Le professeur se dirigea, suivi des deux autres, vers le milieu de l’énorme pièce. Tout autour d’eux s’affairaient de minuscules créatures, ressemblant à des bibendums bleu ciel. Ils couraient à toute allure sur leurs petites jambes dodues et souriaient à pleines dents. Certains transportaient des paniers remplis de lettres, d’autres des tubes à essais fumants. Trois d’entre eux s’approchèrent et se saisirent des paniers garnis des deux visiteurs.
- La première étape de la fabrication d’un mot commence ici, dit le professeur. Aidé de mes fidèles compagnons les Boublis...
Il s’interrompit, puis s’esclaffant, reprit :
- Ce sont de petites boules de chewing-gum sur pattes, ah ah ! C’est moi qui les ai créés ! Cela devenait difficile tout seul, il y avait beaucoup trop de travail... Alors je les ai modelés grâce à la gomme contenue dans les feuilles des plantes à lettres. Mais n’essaie pas d’en mâcher un, d’accord ? Ils sont beaucoup trop utiles ici.
- Il est complètement fou, chuchota Hélio à la marionnette.
- Ah ! Nous voici au cœur de mon laboratoire, continua le professeur. Je te recommande de ne toucher à rien, c’est dangereux.
Ils s’étaient arrêtés au centre de la pièce, au milieu d’un fouillis de marmites posées sur des gazinières, et de plans de travail couverts de fioles et de taches gluantes. Cela ressemblait plus à une cuisine qu’à un laboratoire. Il y régnait un désordre impressionnant.
En l’air, à travers le toit ouvrant, on apercevait toujours le même ciel illuminé de portes.
- Bien, dit le professeur Expérenmot tout en farfouillant dans les casseroles et les marmites. Ma lourde tâche consiste comme tu dois le savoir à créer des mots. Et ce n’est pas de tout repos... Il faut faire attention à bien doser les lettres, à ne pas faire des mots trop longs ou trop compliqués. J’essayais justement tout à l’heure une nouvelle combinaison de consonnes pour créer un mot sans voyelles... Cela fait un moment que je travaille là-dessus, mais malheureusement, c’est infructueux. Cela semble impossible. J’ai tenté de mélanger des « R », des « T », des « S » à un « D », un « B » et un « C », et ça a donné quelque chose comme « Strbrdstrc ». Imprononçable ! J’ai alors ajouté un ou deux « N », histoire d’adoucir la prononciation, mais le résultat m’a explosé au visage !
Le professeur se pencha et souleva une marmite posée au sol. Le couvercle était déchiqueté au milieu et on aurait dit un chou-fleur en métal.
Là, un Boubli accourut, secoua la tête énergiquement en regardant la marmite et la prit des mains du professeur, sans doute pour aller la jeter, puis disparut.
- Voilà une bonne chose de faite, dit le professeur. Comme je te le disais, c’est compliqué de former des mots. Ça ne fait pas toujours ce qu’on veut.
Il courut à l’autre bout du plan de travail encombré et ramena un panier comme ceux que transportaient les boublis.
- Ces lettres sont triées par cohérence par mes chers assistants caoutchouteux. Par exemple, ils ne vont pas mettre tous les « Z » dans le même panier, ce serait absurde ! On ne peut pas faire un mot avec plusieurs « Z ». Enfin... à part Zizanie peut-être, ou Zigzag. Et puis, il faut qu’il y ait assez de voyelles, puisque, comme tu as vu, les consonnes ne sont pas capables de former des mots toutes seules !
Il tendit le panier à Hélio.
- Tiens, vas-y, prends une lettre. Ce « H » par exemple.
Hélio saisit un « H » qui faisait deux fois la taille de sa main.
- Goûte-la maintenant.
- Hein ? dit le garçon horrifié. Ça se mange ?
- Lèche-la un peu tu verras.
Il hésita mais ne voulant pas contrarier le professeur, il porta la lettre à sa bouche.
- Ça a pas de goût !
- Exactement ! exulta le professeur. Une lettre toute seule n’a aucun goût, aucun intérêt ! Un « H » sans rien derrière ne t’apprend rien ! Rien de rien ! Il faut l’associer à d’autres lettres pour qu’apparaisse la magie ! Imagine un peu si on ne parlait qu’avec des lettres ! H I O U G M K E ! S R Y T J I P W... On n’irait pas loin, n’est-ce pas ? Et maintenant, tu vas goûter ceci.
Le professeur attrapa une fiole qui contenait un liquide rose et la donna au garçon.
Hélio avala une gorgée du breuvage. C’était délicieux. Sucré, doux, parfumé. Ça lui rappelait à la fois la barbe à papa, le chocolat, la glace à la fraise avec chantilly, les caramels mous, la guimauve... Ça donnait envie d’en reprendre. Une envie irrésistible.
- Gourmandise ! s’écria-t-il soudain. Gourmand, gourmande, gourmet, goût.
C’est ce qui lui était venu à l’esprit en goûtant la boisson rose. Les mots étaient sortis tout seul.
- Bravo ! Hourra ! hurla le professeur. J’ai bien choisi, tu ne trouves pas ? Tu viens de goûter le mot « Gourmandise ». C’est un mot qui a été fabriqué à partir du mot latin Gustus qui veut dire « Goût ». Le latin n’est plus parlé aujourd’hui, et il fallait un mot pour désigner le plaisir de manger ! J’ai donc pris ce mot Gustus, et je l’ai transformé en « Gourmandise ». Quel délice... en le prononçant, on sait tout de suite que ce mot désigne une chose agréable ! Certains disent que c’est un péché, mais moi je ne trouve pas. Contrairement à la « Gloutonnerie » qui est le fait de s’empiffrer, excuse-moi d’employer ce terme... Celui-là je ne te le ferai pas goûter...
lundi 17 novembre 2008
Le Parfum
Dimanche à 17 heures, Jeanne s'assit sur le lit. Comme chaque dimanche, elle avait pris sur la coiffeuse le flacon de parfum. Elle le déboucha et inspira en fermant les yeux.
Les odeurs ont le pouvoir de nous renvoyer dans le passé avec une telle justesse.
Ce flacon était le premier cadeau que Georges lui avait fait, l'été où ils s'étaient rencontrés. C'était en 1943, au Havre, sur le port. Georges et Jeanne étaient instantanément tombés amoureux, au premier regard. Le vent avait arraché le chapeau de la jeune fille et Georges avait couru pour le rattraper. Il était soldat, elle était étudiante. Il avait été blessé et rapatrié au Havre pour se refaire une santé, mais il trépignait d'impatience de retourner au front. Non pas que la guerre le passionnât, mais il bouillait d'en finir avec les Allemands.
Jeanne et lui ne s'étaient plus quittés, durant 2 mois. Les plus beaux de leur vie.
Il lui avait offert ce parfum un jour de promenade où, passant devant une parfumerie, Jeanne s'était arrêtée quelques instants. Georges n'avait pas hésité une seconde et avait tiré Jeanne par le bras pour l'entraîner à l'intérieur de la boutique. Ils avaient respiré ensemble les odeurs.
En débouchant un flacon, ils s'étaient regardés et avaient compris que c'était celui-ci. Le parfum de leur amour.
La première image qui revenait immédiatement à l'esprit de Jeanne chaque dimanche en respirant cette odeur était ce regard échangé avec Georges.
mercredi 12 novembre 2008
LE TRESOR DES JOURS DE GRIS
Les fauves entrent en piste sous une salve d’applaudissements. Un tigre à qui il ne reste plus qu’une rayure se met à faire le beau devant son dompteur tandis qu’il agite son fouet. Tout à coup, un lion rugissant s’élance à travers un cerceau enflammé, faisant sursauter les plus jeunes. Le dompteur fait claquer son fouet et mène sa troupe à la baguette. Les animaux se rejoignent en cercle et font la révérence, sous les acclamations du public. Les yeux de Victor brillent lorsque vient le tour du jongleur, qui se tient en équilibre sur le dos d’un éléphant à 3 pattes. Les quilles s’envolent et tournoient sans répit. Elles dansent dans l’air et Victor est médusé, comme toujours. C’est son numéro préféré.
Puis c’est le ballet aérien des trapézistes qui commence… Avec leurs justaucorps jaune passé, elles se balancent, tournicotent et tournicotent, alors que juste en dessous, l’équilibriste avec son ombrelle met un pied sur son fil. Tout le monde retient son souffle. Si elle tombe, c’est la catastrophe ! Victor est effrayé chaque fois, mais elle ne tombe jamais.
Le clown entre en scène pour le rassurer. Son nez rouge est tombé depuis longtemps mais les enfants rient et les adultes oublient leurs soucis. La magie du cirque a opéré une fois de plus.
Victor referme sa boîte à musique et la pose délicatement sur la commode défoncée. Par la fenêtre il voit les toits délabrés au loin et le chemin de fer en bas. Le passage d’un train fait trembler les murs et des miettes de peinture tombent sur le sol et la commode. La boîte vacille. Victor la rattrape et la serre contre son coeur. Son cirque, son trésor des jours de gris.
* Texte extrait d'un projet sur le thème "il reste toujours l'imagination".
dimanche 9 novembre 2008
Dieu avait de l'imagination
Dieu était un père célibataire élevant seul son fils Jésus. Il était débordé, entre son travail d’inventeur d’une part, et les couches et les biberons de l’autre. Mais c’était un père attentionné, généreux et aimant. Son fils passait avant tout. Pour lui il imaginait toutes sortes de jeux, plus inventifs les uns que les autres. Dieu avait de l’or dans les doigts. Il pouvait tout fabriquer et donnait vie à chacune de ses créations.
En grandissant, Jésus se mit à poser des questions sur sa mère. Dieu redoubla d’efforts pour détourner l’attention de son fils et combler ce manque. Il inventa plus d’histoires et plus de jeux. Mais Jésus était triste et en colère. C’était un enfant solitaire et angoissé. Il faisait des cauchemars, ne voulait plus dormir et Dieu était inquiet. Il fallait trouver une solution, inventer une chose tellement passionnante que Jésus ne penserait plus à rien d’autre.
Un lundi, Dieu eut une idée. Il travailla comme un forcené en sus de son labeur habituel, et le soir, il rapporta une grande boîte qu’il tendit à Jésus.
Le lendemain, Jésus vint trouver son père avec sa boîte sous le bras et lui dit :
Dieu partit travailler, et pendant ses pauses café et déjeuner, il s’occupa de la boîte de son fils.
Le mercredi, au réveil, Jésus courut voir son père avec sa boîte sous le bras.
Le lendemain, Jésus se réveilla et courut voir son père.
Vendredi, Jésus dit à son père :
Le lendemain, il courut voir Dieu et lui dit :
Le lendemain, dimanche, Jésus vint trouver Dieu qui se reposait après sa dure semaine.
Plus tard, bien plus tard, alors que tout avait évolué sur
* Texte extrait d'un projet sur le thème "il reste toujours l'imagination"
vendredi 7 novembre 2008
Les mots goûtus
Je rêve d'un monde où les mots se mangeraient comme des gâteaux,
un monde simple et poétique,
un monde où les adultes seraient de grands enfants qui n'ont pas perdu leurs couleurs,
un monde où les ballons pousseraient en grappes sur les arbres...
et c'est pour cela que j'écris.
Parce que ce monde n'existe pas.
Par bonheur, mon coeur d'enfant n'a pas fané dans mon corps d'adulte, et ma tête est encore pleine de contes de fées.
Sur ce blog j'ai envie de partager mes histoires, mes projets d'écriture pour enfants, et mes textes pour adultes.
Si d'aventure vous passiez par là, et que par bonheur vous soyez éditeur, mes projets n'attendent que vous pour se réaliser.
Et si vous êtes lecteur, alors lisez-moi !